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REGARDS et SENTIMENTS    R & S

REGARDS et SENTIMENTS R & S

Rien de bien important ici qui ne soit sans attrait pour qui veut le comprendre.


HDM

Publié par Serge ROCA sur 14 Mars 2014, 09:08am

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1933: un discours d'Henri de Monfreid

En 1933, lors de la distribution des prix de fin d'année, le discours d'usage fut prononcé par le célèbre navigateur Henri de Monfreid (1879-1974) qui avait été élève de l'établissement quarante-deux ans plus tôt. Pourtant, sa première rentrée, en octobre 1891, ne lui avait pas laissé de bons souvenirs, et il se souvenait parfaitement de son arrivée « dans le courant d'air froid de la porte… sous l'œil indifférent du concierge en tablier bleu », ajoutant : « Glacé de corps et de cœur, j'ai senti cette inoubliable odeur de peinture en les mornes dortoirs et j'ai pleuré en ouvrant ma petite caisse de bois blanc où le saucisson, la tablette de chocolat, les confitures, les derniers raisins de la treille du mas résumaient toute l'affection maternelle… aucune détresse ne peut être comparée à celle-là ».

De la mer à l'école H. de Monfreid remercie tout d'abord, pour leur avoir demandé cette intervention, le ministre de l'Éducation nationale, M. de Monzies, et le proviseur. L'orateur rend ensuite hommage à « tous ces maîtres modestes, dévoués et souvent admirables d'abnégation » qui l'ont formé, puis évoque sa vie d'homme « qui a bourlingué sur des mers peu clémentes et laissé toutes les belles illusions dans les combats de la lutte pour la vie ». Déjà, en effet, à l'occasion d'un sujet de composition française « Que voudriez-vous être ? », H. de Monfreid explique qu'il avait exalté son amour de la mer ; son professeur lui avait alors prédit que cette passion l'élèverait au-dessus de lui-même et féconderait ce qu'il avait en lui. Aussi bien, sa popularité lui vaut désormais de recevoir de nombreuses lettres d'adolescents qui rêvent de mener une vie semblable à la sienne en partant à l'aventure vers des horizons inconnus, et cela lui procure la grande joie de sentir se perpétuer en eux les émotions qu'il a vécues. Il leur passe bien volontiers le flambeau, mais, poursuit-il en s'adressant à ses jeunes auditeurs : « Il n'est pas besoin de courir le monde pour découvrir des merveilles, car le monde est en nous, animé et vibrant de toute une âme dont nous sommes les créateurs ». La science qu'ils doivent acquérir a pour but de leur apprendre à penser, alors l'œuvre des maîtres « vous aura donné la clef des jardins enchantés où toujours vous pourrez vous isoler du monde fastidieux pour oublier les amertumes et les rancœurs ». Dans sa péroraison, il conclut : « Je vais repartir pour l'Afrique en emportant la vision de toute votre jeunesse ; je vous remercie de me l'avoir donnée ». Effectivement, peu après, H. de Monfreid repartit pour l'Éthiopie et la mer Rouge reprendre sa vie pleine d'aventures.

Biographie :

Henry de Monfreid, né à La Franqui, commune de Leucate (Aude) le 14 novembre 1879, et mort le 13 décembre 1974 à Ingrandes (Indre), était un aventurier et écrivain français.

Henry de Monfreid était le fils de George-Daniel de Monfreid, peintre et graveur. En 1913, il se marie avec une allemande, Armgart Freudenfeld, dont il aura trois enfants. Elle aura une grande influence sur son œuvre d'écrivain.
Il tira de ses aventures dans la mer Rouge, les eaux littorales de la Corne de l'Afrique et le détroit de Bab-el-Mandeb des romans et nouvelles.
Il part en 1911 à Djibouti, alors possession française, faire le négoce du café et de peaux. Il construit lui-même ses boutres, dont le plus célèbre, l'Altaïr, et fréquente les côtes de la mer Rouge. Sa connaissance des mouillages et des ports en fait une source de renseignements utile à la France pendant la Première Guerre mondiale. Il rejoindra plus tard l'organisation des Croix-de-feu.
Il entame ensuite une vie de contrebandier, se convertit à l'islam en 1914. Il vit de différents trafics, perles, armes, haschisch, et même morphine qu'il revend aux riches Egyptiens , ce qui lui vaut plusieurs séjours en prison. Il se base à Obock : sa maison est prés du rivage, ce qui permet à sa femme de disposer des lumières sur la terrasse si la vedette des garde-côtes est à l'affut... Puis, il se fixe en Éthiopie : il a fait assez de bénéfices pour acheter une minoterie et construire une centrale électrique dans sa ville de résidence.
Kessel lui conseille d'écrire ses aventures. Ses romans remportent un franc succès dans les années 1930. Il est également correspondant de presse.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il sert les Italiens, notamment pendant leur conquête de l'Éthiopie en 1935.
Proche conseiller du général Graziani, Henry de Monfreid avait tout fait pour rencontrer le Duce Mussolini pour pouvoir se joindre aux troupes italiennes. Il a participé à quelques missions aériennes italiennes sur les territoires éthiopiens et a failli être blessé en vol (Les Guerriers de L'Ogaden, 1935).
Après s'être réinstallé en Éthiopie, et suite à la débâcle de l'armée du Duce, il est capturé par les Britanniques, il est déporté au Kenya. Libéré, il vit de chasse et de pêche sur les pentes du Mont Kenya.
Il retourne en France en 1947 et s'installe dans une grande maison à Ingrandes, où il peint, joue du piano, et surtout écrit.

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